L’UNIVERSITE NUMERIQUE MAROCAINE
FAITS ET DEFIS
Mohamed OUZARF
Université Sidi Mohamed Ben ABdellah
Mohamed OUZARF
Université Sidi Mohamed Ben ABdellah
INTRODUCTION
Durant la dernière décennie, le secteur de l’éducation et de la formation a connu un regain d’intérêt, marqué par des réformes et l’allocation des budgets colossaux, cependant il n’a pas pu décoller et quitter le rang très insatisfaisant qu’il occupe jusqu’à présent.
Devenant une priorité nationale pour l’éclos de l’économie moderne fondée sur le savoir, le secteur de la formation s’est très largement appuyé sur l’apport des technologies de l’information et de la communication (TIC), il subira certainement de profonds changements dans la prochaine décennie avec l’introduction et l’usage des supports numériques (images, son, textes, vidéo, mobile 3G, Internet, etc.). Ce qui pose un enjeu de taille avec des répercussions importantes sur l’opération éducative,
Le Maroc de demain se prépare aujourd’hui avec l’université qui évolue dans un environnement numérique répondant aux attentes des étudiants très accros à l’usage des technologies de l’information.
Dans le présent article, j’aimerais aborder le sujet de l’université numérique marocaine en tant que levier de développement, et locomotive de la société de savoir. Un projet qui cherche à trouver dans l’utilisation des technologies de l’information et de la commination une place à la réforme. Projet très ambitieux qui se base sur l’intégration des techniques de l’information et de communication les plus modernes, connu sous le nom de campus virtuel: cours virtuels, e-learning, vulgarisation de l’outil Internet, créations de sites spécialisés dans la recherche scientifique, portails universitaires,...
Evolution du système universitaire marocain :
La naissance du système universitaire moderne marocain remonte à la création, en 1957, de l’université Mohamed V de Rabat. 1975 et 1978 marquent son développement avec la création de 4 université : Hassan II Ain Chock Casa, USMA Fès, Mohamed 1er Oujda, Cadi Ayad Marrakech, 1989 constitue sa maturation avec l’arrivée de nouvelles universités ; Moulay Ismaïl Meknes, Ibn Zohr Agadir ,Ibn Tofail Kénitra,Chouaib doukkali Et Jadida et Abdel Malek Saadi Tetouan. 1993 et 1997 Hassan II Mohamadia ,Mohamed V Souissi Rabat et Hassan 1er Settat. 2007 Moulay Slimane Benimallal. Des efforts sont en cours pour doter les régions du RIF et du SAHARA marocaine, d’universités autonomes.
Le Maroc est ainsi parvenu à se doter d’une université moderne, ce qui a conduit à un rapide accroissement de la populations instruite et qui accède à l’enseignement supérieur, dont les diplômes sont aujourd’hui reconnus à travers le monde. Il faut désormais profiter des compétences marocaines à l’étranger pour réussir le transfert de technologies et de savoir en vue d’asseoir une université moderne.
Il faut noter aussi que l’université marocaine connaît des difficultés et des défaillances de l’enseignement supérieur et de recherche scientifique. L’origine des dysfonctionnements de l’université marocaine remonte au début des années quatre-vingt, comme le rapporte un grand nombre de chercheurs. Les taux d’échec et redoublement des étudiants au niveau des premiers cycles est présenté comme la conséquence majeure de ce dysfonctionnement. La question de la langue de l’enseignement est présentée, également, comme une des causes structurelles des difficultés que traverse l’enseignement au Maroc.
La première décade de la réforme entamée en 1999 qui concerne le système éducatif marocain, à travers la charte nationale d’éducation et de formation, est clôturé sur des résultats très insatisfaisants, selon le rapport de la Commission Spéciale Education Formation (COSEF), publié en 2008. « … Nous avons autant d’ambition que de détermination pour assurer l’insertion du Maroc, par ses entreprises et ses universités, dans l’économie mondiale du savoir.…». Extrait du Texte intégral du discours adressé à la Nation par SM le Roi à l’occasion de la Fête du Trône - 30/07/08.
De récents rapports ont montré du doigt le Maroc comme mauvais élève, le dernier rapport 2009 du PNUD sur la société du savoir dans le monde Arabe en partenariat avec la fondation Al Maktoum présente un tableau sombre. Le Forum économique Mondial (WEF) dans son classement mondial relatif à l'usage des nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC), après avoir été classé 74 sur 127 pays en 2008, leMaroc perd 12 places (86ème sur 134) en 2009.
L’année 2009 est marquée par l’élaboration d’un plan d’urgence pour remédier aux insuffisances. cet outil d’accélération de la mise en oeuvre de la Réforme de l’Education et de la Formation s’inspire du discours de SM le Roi à l’occasion de l’ouverture du parlement ( 2007) « … nous appelons le prochain gouvernement à s'atteler sans tarder à la mise en place d'un plan d'urgence pour consolider ce qui a été réalisé et procéder aux réajustements qui s'imposent, en veillant à une application optimale des dispositions de la Charte nationale d'éducation et de formation … » ; parmi ces principaux objectifs est l’ Assurance d’un environnement éducatif adéquat et un encadrement pédagogique de qualité et l’optimisation des ressources pédagogiques et à « tirer le meilleur parti des technologies modernes ».
La dimension de la technologie est la pierre angulaire dans l’instauration de la société du savoir, mais aussi pour le nouveau plan d’urgence du système éducatif marocain.
L’université numérique Marocaine.
Il est temps de recourir aux technologies. Initié en 2004, le campus virtuel Marocain a pour rôle de soutenir et encourager les universités marocaines à s’approprier ces nouvelles pratiques d’enseignement. En d’autre terme le CVM est un programme qui cherche à trouver dans l’utilisation des technologies de l’information et de la commination une place à la réforme. Cela a initié quelques projets pilotes et a permis de créer des centres de ressources universitaires CRU. Son objectif est de mutualiser les ressources produites par les enseignants via un portail.
Après 5 années d’existence, il semblerait que l’université numérique marocaine ait rencontré un succès très limité. Les limites du projet sont apparues.
Limites et défis de l’université numérique Marocaine.
a/ Les Moyens Matériels et logiciels. L’université virtuelle utilise des technologies très avancées, le haut débit de connexion basé sur le réseau MARWAN qui connaît malheureusement des phénomènes perturbateurs «chute de connexion ». L’accès par un équipement informatique de base, en l’occurrence les ordinateurs, surtout des PC accessibles grâce à une politique nationale «Il s’agit de la stratégie de Nafida », pourrait profiter pleinement de l’université numérique. L’utilisation d’une plate forme de logiciels nécessaire aux cours n’arrivent cependant pas à offrir aux universitaires un matériel pédagogique autonome pour un usage interactif.
b/Adhésion au projet : les enseignants chercheurs ne sont malheureusement pas convaincu de l’intérêt pédagogique des ces outils pédagogiques, certains enseignants chercheurs ne sont même pas au courant de l’existence du campus virtuel marocain,d’autres pensent que c’est un effet de mode qui a échoué dans les pays développés, la plus part des expériences (à l’exception de l’expérience malgache qui a misé sur une forme de partenariat public/privé) affichent des résultats mitigés seul les intéressés par le programme signalent le manque de moyens d’accompagnement : formation des enseignants ( non expert ) en développement de contenu et leur mise en ligne , compagne de sensibilisation continue à l’usage des TIC, manque de statut juridique. La question de la propriété intellectuelle des cours se pose à plusieurs reprises sans réponse.. ;etc.
L’université numérique marocaine, se heurte à de sérieuses difficultés. « Là où le programme Campus Virtuel Marocain porte toute son objectivité pour tenter de rationaliser les enseignements par l’utilisation des ressources en ligne, voire des dispositifs de formation à distance, pour faire face aux difficultés de massification que traversent les universités marocaines, et plus particulièrement les facultés de lettres et sciences humaines et sociales, la quasi totalité des projets proposés sont destinés aux disciplines comme l’informatique ou les taux d’encadrement sont les plus confortables » (Sidir et Benchenna, Distances et savoirs 2008/2 - Vol 6).
c/Défis : Offrir un enseignement de haut niveau et élargir les canaux d’accès à la formation pour qu’il accueille le plus grand nombre d’étudiants c’est là le plus grand défi à relever.
Intégrer le numérique dans la pédagogie lors du passage au cycle LMD, par obtention obligatoire d’un certificat sur les bases de l’informatique et internet.
Le système éducatif Marocain n’a pas vraiment évolué en 50 ans, ou plutôt l’évolution est trop lente, alors que le pays regorge de bonnes idées et de bonnes volontés. Par ailleurs, il faut également regretter que les technologies de l’information et de la communication ne soient pas encore ou peu considérées comme des domaines stratégiques nationaux.
Conclusion
Ces quelques réflexions nous ont amené à penser que malgré la fascination exercée par l’université virtuelle, des réactions de méfiance et de résistances se manifestent. La suprématie de l’université classique se fait de plus en plus forte dans la représentation que se font les marocains de l’apprentissage, de l’enseignement et du diplôme.
Des progrès ne pourront être réalisés si le pays ne mène pas à son terme sa politique de décentralisation et de déconcentration. Aujourd’hui, le discours royal sur la régionalisation élargie constitue l’entrée en plain pied dans une nouvelle ère de la bonne gouvernance du système éducatif.
source: http://devlocal.over-blog.com/pages/l-universite-numerique-marocaine-faits-et-defis-2811661.html
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