La cybernétique et l’héritage de Norbert Wiener
Comme souvent, tout a commencé par des sujets militaires. En 1940 , le jeune Norbert Wiener travaille sur la balistique. Il va la révolutionner avec un terme qui est aujourd’hui passé dans le vocabulaire courant : le « feed-back ».
L’idée générale est très simple : plutôt que de faire de savants calculs a priori sur la trajectoire d’un obus, il serait plus intéressant de pouvoir corriger en vol les défauts de trajectoires. Norbert Wiener venait de viser « dans le mille ».
Le principe d’une boucle rétroactive informant un système de guidage des écarts de trajectoire va profondément impacter tous les champs scientifiques et technologiques du 20° siècle – de la sociologie à l’informatique en passant par la psychologie et la biologie – donnant naissance à une science du contrôle basé sur le primat d’une vision informationnelle du monde. Cette nouvelle science, Norbert Wiener va la nommer la cybernétique.
Tous les champs de la gouvernance, des systèmes nerveux, des sciences cognitives, de la systémique et des sciences sociales ont été envahis par cette frénésie du feed back.
Le terme de cybernétique est aujourd’hui devenu un terme plutôt désuet, qui ne doit la permanence de son emploi que grâce à des auteurs et des courants de science fiction (cyborg, cyber-espace, etc.).
Le terme de cyberspace apparaît dans une nouvelle de Wiliam Gibson intitulé « Neuromancer ». « Cyberspace » a ensuite été repris par John Perry Barlow pour désigner l’ensemble des réseaux électroniques. Barlow et son compère Mitch Kapor (créateur en 1982 du premier tableur Lotus) furent également les fondateurs, en 1990, de l’EFF (Electronic Frontier Fondation), précisément pour promouvoir les droits fondamentaux du cyberspace (parmi les co-fondateurs de l’EFF il y a également Wozniak, Steward Brand et John Gilmore).
Cette courte parenthèse sur la reprise du terme cyberspace par l’EFF pour rappeler que le Net ne serait certainement pas ce qu’il est aujourd’hui sans le rôle qu’à joué l’EFF dans les années 90.
Mais revenons à notre cybernétique, avant qu’elle ne devienne le cyberspace des réseaux électroniques et du net.
Pourquoi Norbert Wiener choisit-il précisément le terme de cybernétique ? Certainement en souvenir du terme grec cyberneticos qui désigne le gouvernail et par suite celui qui dirige et pilote le navire.
La cybernétique est l’art de gouverner et de diriger en prenant en compte la réalité de l’environnement dans lequel on évolue. Aujourd’hui, la définition qu’en donne le dictionnaire est :
« Science des processus de commande, de communication, de contrôle et de régulation dans les systèmes (machines, organisme vivant, collectivité). L’informatique est une application de la cybernétique. »
Vous comprendrez ainsi pourquoi il m’arrive parfois de dénoncer la façon dont, aujourd’hui encore, on conçoit et on pilote les projets informatiques dans les organisations (comme on le fait dans le BTP, avec les dérives et les « effets tunnel » que chacun connaît). Comme si les travaux de Wiener n’avaient jamais existés.
Toutes les dernières innovations du web participatif reposent sur cette boucle rétroactive dans laquelle chacun peut s’inscrire. Mais, encore aujourd’hui, les feed-back et les liens dans l’entreprise ressemblent plutôt à çà ;
Voilà pourquoi je pense que l’entreprise 2.0 fera le plus grand bien. Et à tout le monde.
source: http://www.christian-faure.net/2007/07/12/la-cybernetique-et-lheritage-de-norbert-wiener/
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