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vendredi 16 mars 2012

L’enfant et la mort d’un proche Comment l’aider à surmonter l’épreuve

● Le décès d’un parent est un moment douloureux, en particulier pour les enfants. 
● Il est indispensable de prendre en considération son âge et sa maturité avant de lui annoncer le deuil.


«Je suis angoissée à l’idée d’avoir à annoncer à mon fils, qui a à peine cinq ans, le décès de sa grand-mère paternelle. Je sais qu’il faut le lui dire et surtout ne pas lui cacher, mais j’ignore comment. On me demande de ne pas trop dramatiser les choses, de lui expliquer clairement la situation et de répondre à ses questions le plus simplement possible et sans mentir. Mais je crains que cela le traumatise vu qu’il aimait beaucoup, sa mémé», s’inquiète Kawtar, une jeune maman. Annoncer à un enfant le décès d’un proche est une rude responsabilité. Étant un sujet douloureux, la mort intrigue les enfants. Selon les spécialistes, la mort renvoie à l’absence et à la séparation et soulève chez l’enfant plusieurs questionnements et le confronte à l’inconnu, à l’insaisissable.
«La confrontation à la mort ou à l’idée de la mort est inévitable chez les enfants à différentes étapes de leur évolution. Cette confrontation, qu’elle ait lieu dans la réalité ou dans le questionnement seul, fait partie de leur processus de maturation», explique Houda Hjiej, pédopsychiatre. Et d’ajouter «il est important que les parents, mais aussi tous ceux qui sont en relation avec les enfants, connaissent suffisamment ces questionnements, pour aider les petits dans leur réflexion sur le sujet ou pour les accompagner lorsqu’ils doivent traverser des moments parfois difficiles». L’accompagnement des adultes contribue à éviter des séquelles psychologiques possibles. Celles-ci peuvent se manifester parfois tardivement chez ces enfants devenus adolescents ou adultes, voire à la génération suivante, chez leurs propres enfants. C’est aux adultes donc d’aider l’enfant à faire face à sa souffrance en cas de décès d’un proche en lui disant la vérité tout en prenant en considération son âge. En effet, nul besoin de détailler les circonstances de la mort. Il faut lui dire les choses simplement. L’enfant doit savoir que son parent ne reviendra pas et, si cela est très triste, c’est une longue épreuve que la famille surmontera tout en étant unie et soudée. Même si ce n’est pas chose facile, il faut essayer de rassurer l’enfant avant tout.
Il arrive que les parents et les autres membres de la famille, tellement bouleversés par le décès, soient indisponibles aux besoins de l’enfant, et ne voient pas qu’il est sous le choc et en pleine confusion. Il n’est pas rare, enfin, qu’un enfant confronté à la mort d’un proche présente des réactions telles que le sentiment de culpabilité, la peur, la régression, la dépendance accentuée, le manque d’appétit, des difficultés à dormir, des problèmes comportementaux... Un enfant peut également pleurer plus que d’habitude, avoir des retards dans son développement ou perdre la parole de façon temporaire. «La réaction de l’enfant peut varier en fonction de différents paramètres : la façon de lui annoncer la mort d’un proche, les expériences réelles ou fantasmatiques de l’enfant avec la mort, la solidité ou la fragilité habituelle de celui-ci et sa façon habituelle de réagir aux situations difficiles et enfin la nature de la relation avec la personne perdue», affirme le docteur Hjiej. «La réaction par le déni vis-à-vis de la mort est une des étapes du deuil par laquelle tout un chacun peut être amené à passer, il faut accompagner l’enfant dans son processus de deuil à faire. Le deuil passe généralement par trois étapes : la phase de l’installation (état de choc aigu).
Le vécu douloureux qui s’installe immédiatement après (vécu dépressif physiologique, parfois agressivité) et le retour à la vie», poursuit la pédopsychiatre. En conclusion, un enfant aura besoin de temps pour faire le deuil et aura également besoin d’exprimer ses sentiments. Beaucoup de support, d’attention et d’écoute l’aideront comme pour un adulte. 

Avis du spécialiste  : Houda Hjiej 

«L’attitude de la personne qui en fait l’annonce est primordiale»

À partir de quel âge les enfants peuvent-ils comprendre la notion de la mort ?
Jusqu’à l’âge de deux ans, l’enfant réagit face à la mort comme il réagit à toute séparation, qu’il tente de gérer en l’attente du retour de l’autre. Jusqu’à sept ans, c’est la pensée magique qui prédomine en lui : comme s’il lui suffisait d’imaginer, de penser à quelque chose pour que ça se réalise, de la vouloir pour l’obtenir. Le caractère universel et irréversible de la mort lui échappe: elle lui apparaît plus comme un équivalent du sommeil. Plus tard, l’enfant a tendance à identifier la mort à un personnage méchant et maléfique, et à l’interpréter comme une punition. À partir de neuf à dix ans, sa conception apparaît proche de celle des adultes : en particulier, il en reconnaît le caractère universel et irréversible. À partir de douze ans, il commence à avoir plus conscience, avec angoisse, de sa réalité et de sa complexité ainsi que de sa propre mortalité.
Comment doit-on parler de la mort à l’enfant ?
Pour aider l’enfant à développer sa réflexion sur la mort, il importe de tenir compte de certains éléments, à savoir : les circonstances qui provoquent la discussion, partir des questions de l’enfant sur la mort, prendre en considération son degré de maturité, et respecter son désir ou pas de poursuivre la discussion et le questionnement. Il est important que l’enfant ne ressente pas une réticence chez son interlocuteur ou un refus d’aborder le sujet.
Comment faut-il annoncer à l’enfant le décès d’un proche qu’il aime ?
Toujours prendre en considération l’âge et la maturité de l’enfant. L’attitude de la personne qui annonce la mort est importante du fait de ce qui se transmet lors de cette annonce comme émotions de la part de celui qui l’annonce. Il est important d’utiliser les mots de l’enfant pour l’aider à comprendre, de vérifier systématiquement que celui-ci a bien compris et de l’aider à poser les questions qui lui passent par la tête et enfin de le projeter dans l’avenir en sachant qu’au-delà de la douleur de la séparation, les enfants, surtout quand ils sont petits sont dans des réflexions concrètes autour de ce en quoi cette mort peut les toucher eux et les concerner et quelles conséquences elle peut avoir sur leur vie.
Est-il préférable de cacher la vérité dans certains cas ?
Il ne faut jamais cacher une mort à l’enfant, ce qui est important c’est de rendre cette annonce supportable pour lui. Il est aussi très important de bien expliquer les circonstances de la mort à l’enfant.
Publié le : 15 Mars 2012 - Hajjar El Haiti, LE MATIN
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